Reconstitutions

Photographies de Christian Buffa

Le photographe Christian Buffa propose le volet napoléonien de son travail sur l’identité.

Le volet photographique de l’exposition Napoléon et la Corse s’articule autour des images de Christian Buffa qui travaille sur l’identité, la transformation humaine et la représentation.

Dans Reconstitutions, il présente une série de photographies troublantes aux couleurs étonnantes qui figent l’armée napoléonienne en grand apparat hors du temps et de l’espace.

L’Empereur a déclenché un phénomène d’identification particulièrement important autour de sa personne et de la Grande Armée. Aujourd’hui, nombreux sont encore les grognards qui se réunissent à travers toute l’Europe pour revivre ce pan de l’histoire.


Cette exposition est accompagnée d’une publication.

CHRISTIAN BUFFA Instantanés napoléoniens


Et moi je suis Napoléon… On connaît bien cette réplique en forme de boutade que le comique français prête aux forces de l’ordre quand elles doivent répondre à un citoyen récalcitrant qui, pour les intimider, prétend être haut placé. C’est pourtant à la vérification de cette boutade, de ce déni de réalité poussé jusqu’à l’extrême, que le photographe Christian Buffa se livre dans un de ses reportages consacrés aux personnalités duelles.


Christian Buffa a parcouru la France et plusieurs contrées d’Europe en quête de communautés napoléoniennes dont il savait, depuis le début de sa démarche qu’elles se situaient sur le parcours des campagnes de l’Empereur et principalement en de hauts lieux, Austerlitz, Iéna ou Waterloo pour ne citer que quelques unes des plus célèbres batailles. Son approche photographique nous conduit à l’évidence que l’univers napoléonien a engendré un monde à part, non seulement sur la terre natale de l’Empereur, mais bien au-delà.


Ce monde à part entière est structuré par des institutions : il existe un regroupement officiel des communes liées aux faits de vie et aux parcours de Napoléon, mais aussi de très nombreuses associations vouées à la Reconstitution de faits historiques. Parmi celles-ci on pourrait citer le Groupement Européen de Gendarmerie Impériale, Les Grognards de Fontainebleau, Les Grenadiers d’Ile de France qui perpétuent la tradition tout en ressuscitant des fragments choisis de l’histoire.


Une sorte d’heureuse et sympathique schizophrénie rassemble aussi bien des historiens chevronnés que de simples nostalgiques de la période impériale, chacun partageant une même passion qui les a fait passer du jeu de soldats de plomb au jeu d’acteurs et à la mise en scène en vue de perpétuer au présent quelques épisodes marquants du passé.


Les photographies nous permettent de comprendre que rien n’est plus sérieux que ce jeu : par exemple, la plupart de ces communautés s’accordent pour reconnaître en un seul acteur le sosie de Napoléon et ce dernier n’est plus un homme du 21ème siècle, ni pour lui, ni pour les soldats qui l’accompagnent lors des reconstitutions. Il est l’Empereur entouré de sa garde et rempli de ses prérogatives.


C’est ce jeu que sait parfaitement maîtriser Christian Buffa avec une mise en scène nocturne qui cache le contexte ordinaire de la vie pour faire surgir en pleine lumière la vérité du rêve réalisé : dans des costumes rutilants, grognards, grenadiers, brigadiers d’infanterie de ligne posent devant l’objectif de façon si naturelle que l’instantané, si possible, passerait pour une image d’époque.


En effet, le reporter-portraitiste s’est constitué au cours de sa carrière une spécialité : celle de recenser des communautés de « doubles » ; des hommes et des femmes ne vivant que pour ressembler à quelqu’un d’autre qu’eux-mêmes.


Ainsi, les autres séries de portraits qu’il a réalisées, (Sosies, Western, La Nuit) renvoient chacune à des pratiques trans-identitaires distinctes. Elles mettent en évidence les métamorphoses opérées en vue de devenir autre et pour certains, de ressembler à des stars du show-biz, à des cow-boys ou à des personnes de sexe différent. L’art du portrait consiste alors à faire passer le sujet photographié de l’inconnu (qu’il est) au connu (qu’il n’est pas) et cela par l’intermédiaire d’un double jeu. Tout d’abord, un jeu d’acteur rompu aux techniques de grimage et d’imitation, mais aussi et surtout un jeu de prise de vue : le photographe cadre un visage et par l’éclairage sculpte le référent imaginaire.


Dans tous les cas, et particulièrement avec ces instantanés napoléoniens, la photographie contribue fortement à avérer la prévalence du désir sur la réalité, et cela non par trucage ou tricherie, mais en accomplissant l’essence même du portrait photographique qui est de traiter l’identité comme altérité.


Robert PUJADE
Maître de conférences à l’université de Provence
Directeur des débats pour les Rencontres internationales de la photographie d’Arles


Commissariat d’exposition : Françoise Ferreira

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