Napoléon et la Corse

… d’Ajaccio à l’Empire

Pour la première fois, une exposition traite des rapports souvent ambigus et changeants que Napoléon a entretenus durant toute sa vie avec sa Corse natale et ses concitoyens.

L’exposition, et l’importante publication qui l’accompagne, s’attachent à retracer pour la première fois la relation complexe qui relie Napoléon à la Corse et le rôle joué par cette origine insulaire et latine dans le destin du futur empereur.

Qui aurait pu imaginer la fulgurante, mais improbable, ascension d’un jeune Ajaccien venu d’une île tout juste devenue française, si différent par sa culture, ses origines, ses codes et repères, sa langue même, des élites politiques nationales ?
Comment sa corsitude lui a-t-elle servi de tremplin ?
Cette destinée hors normes a-t-elle été accomplie en dépit du fait qu’il soit Corse ou parce qu’il était Corse ?
Comment un jeune boursier du Roi, nourri de la gloire paolienne, solitaire et taciturne, considéré comme un marginal par ses camarades de l’Ecole militaire de Brienne, va-t-il réussir en son for intérieur à se convaincre d’un possible « A nous deux le monde ! » ?
A-t-il, en se francisant, choisi le bon parti au risque de passer pour un traître ?
Napoléon est-il fils de la Révolution ou de l’Ancien Régime ?

A Corte, les salles du musée seront organisées en quatre sections majeures réunissant des œuvres et documents venus de Corse, du continent et de plusieurs pays d’Europe.

La Corse des Bonaparte avant 1795

retrace l’ascension sociale de cette famille ambitieuse. Alors que l’île passe de la domination génoise à celle de la France, les Bonaparte se positionnent définitivement du côté du vainqueur. Partagé entre corsitude et francisation, le jeune Napoléon quitte la Corse pour Brienne puis Paris où il apprend à s’intégrer à la société de son temps.

1795 – 1815

Napoléon, d’abord général de la République, puis chef de l’Etat à trente ans avec le titre de Premier Consul, se proclame empereur en 1804. Il reste marqué, bien qu’il s’en soit défendu, par son identité corse et dote sa famille de charges et de titres, sur le mode monarchique. Parallèlement, nombreux sont les Corses à servir dans l’administration et dans les armées. Son oncle maternel, le cardinal Fesch, constitue une exceptionnelle collection de peintures notamment italiennes, afin de l’offrir à ses compatriotes.

L’ambiguïté des rapports de Napoléon avec la Corse

Les réactions de la société insulaire relatives à la fulgurante trajectoire napoléonienne sont très variées : admiration sans bornes, tiédeur indifférente voire opposition systématique, comme celle de Pozzo-di-Borgo. Sur l’île, l’empereur multiplie les projets urbains favorisant naturellement Ajaccio, fait percer des routes et développer les travaux publics. A contrario, il n’hésite pas à faire réprimer durement les révoltes du Fiumorbu par les troupes du général Morand.

Histoires, mythes et souvenirs

Cette dernière partie développe la manière dont l’histoire a été réécrite, comment le bonapartisme s’est développé et comment la Corse apparaît dans les témoignages des mémorialistes. Enfin l’imagerie populaire autour des Bonaparte du XIXe au XXIe siècle clôt l’exposition.
Cette manifestation permet aussi de conduire une réflexion fondamentale sur l’essence même de la société française : comment regarder et analyser cette France à la fois universelle et nationale, capable d’incorporer « l’autre » en l’assimilant mais sous réserve, souvent, qu’il abandonne sa part d’identité originelle?

Commissaire général : Bernard Chevallier, conservateur général honoraire du patrimoine, ancien directeur du musée national de la Malmaison, vice-président de la Fondation Napoléon.

Commissaire : Jean-Pierre Commun-Orsatti, responsable scientifique du musée national de la Maison Bonaparte.

Conseillers scientifiques : Luigi Mascili-Migliorini et Antoine-Marie Graziani.

Scénographie: Michel Albertini.

Infos pratiques

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