Les Corses et la mer

Du 02 juillet 2011 au 31 mars 2012

« La Corse est une montagne dans la mer… »

Cette représentation qui dénit le territoire d’abord par la montagne marque l’imaginaire collectif.

Pourtant, la mer s’impose aux Corses, elle est aujourd’hui comme hier, au coeur des questions économiques, sociales et culturelles de l’île.

CETTE EXPOSITION REGROUPANT 360 OEUVRES COMPORTE TROIS SECTIONS:

La découverte de l’île

En Corse, les premiers peuplements humains sont attestés au VIIIe et même à la fin du IXe millénaire avant notre ère. Dans l’Antiquité, les cités d’Alalia et de Mariana rattachent l’île à l’Empire romain. Après les invasions barbares et sarrasines, l’île passe sous la domination de puissantes cités maritimes telles Pise et Gênes.

À partir du XVIe siècle, la Corse devient un enjeu majeur en Méditerranée occidentale. L’île est qualifiée par Catherine de Médicis de « magnifique cavalier » entre l’Italie et l’Espagne.

Au XVIIIe siècle, la France et l’Angleterre s’imposent en Méditerranée, la Corse devient française.

Les cartes de géographie illustrent cette succession d’intérêts pour l’île. La cartographie marine évolue, devient un outil de navigation plus précis, signalant les ports, les anses, les dangers.

Traces des premiers habitants, cartes de marine et regards d’artistes contemporains révèlent les paysages maritimes de la Corse. Une découverte d’un territoire entre mer et terre ressenti à la fois comme une ouverture sur le monde et une frontière avec l’extérieur.

La mer et ses dangers

La mer est un espace de liberté, de voyage et d’exploration qui séduit l’homme moderne mais elle a autrefois inspiré la méfiance des insulaires car elle est porteuse de grands dangers.

L’histoire de la Corse témoigne de grandes batailles navales, Alalia en 545 av. J.-C., Meloria en 1284 et Calvi en 1794. Marins et corsaires s’illustrent lors des combats maritimes tels Vincentello d’Istria, l’amiral Andrea Doria, le corsaire Dragut, le commandant Luce de Casabianca et l’amiral Horatio Nelson.

La mer a été longtemps un espace mystérieux, terrifiant, difficile à maîtriser. Si la Méditerranée, mer intérieure, semble plus rassurante que l’océan, le déchaînement des éléments rend souvent l’homme impuissant comme le relatent de nombreuses chroniques de navigation. La Corse a été le théâtre de plusieurs naufrages tels ceux de la Sémillante et du Tasmania.

Espace d’échanges, la mer est aussi vecteur de maladies.

Face à ces périls, le Corse se réfugie dans la montagne et noue une relation ambiguë avec le littoral.

Jusqu’au XIXe siècle, les monstres marins qui illustrent les cartes symbolisent ces peurs. Menaces barbaresques, épidémies, invasions, batailles maritimes, fortunes de mer et naufrages alimentent récits et croyances populaires.

Les activités maritimes

Entre le XVIe et le XIXe siècle, l’essentiel de la marine corse est une activité saisonnière de cabotage qui se pratique en mer Tyrrhénienne à bord d’embarcations de types esquif, tartane, felouque, gondole, brick-goélette….

Des premières compagnies de navigation à vapeur à l’arrivée des ferries, l’évolution des techniques bouleverse les transports maritimes vers la Corse. La rapidité, la fréquence des traversées marquent une étape importante dans les relations Corse-Continent.

La pêche artisanale, activité ancestrale dans l’île, est aujourd’hui en régression. La sélection des espèces pêchées a évolué pour se concentrer sur des prises plus rémunératrices comme la langouste. Celle-ci représente jusqu’à 60 % du chiffre d’affaires des 209 pêcheurs professionnels de l’île.

La réintroduction des nasses traditionnelles est en expérimentation afin de limiter l’érosion du stock.

Le recensement des gens de mer en Corse montre que les activités maritimes sont à leur apogée au XIXe siècle pour s’effondrer avec la fin de la marine à voile Si certains savoir-faire se perdent, d’autres apparaissent dans les nouveaux métiers de la mer avec l’avènement du tourisme. Les sports nautiques et la grande plaisance se développent créant une nouvelle industrie.

Les zones côtières accueillent un ensemble varié d’activités économiques : construction navale, pêche, transport de marchandises et de personnes, activités portuaires et tourisme.

Commissariat d’exposition :

Pierre-Jean Campocasso, Ethnologue régional, Responsable scientifique du musée de la Corse.

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