La Corse et le Tourisme de 1755 à 1960

« Voyager en Corse, du siècle des lumières au rush des années 60 »

Le parti pris de l’exposition est de nous plonger tout d’abord directement dans le vif du sujet en brossant un portrait des premiers « voyageurs » en Corse. Qui sont-ils, quand viennent-ils, pourquoi et comment voyagent-ils ?

Il s’agit le plus souvent de rentiers accompagnés de leurs domestiques, à la recherche d’exotisme et de pittoresque. Au XIXe siècle, certains Anglais habitués à passer l’hiver dans le sud embarquent pour la Corse et adopte Ajaccio comme station d’hiver. Portraits, mobilier, costumes, gravures, affiches, guides, photographies et montage-vidéo restituent cette villégiature élitiste et aristocratique.

Puis l’exposition renoue avec l’histoire et la chronologie.

De l’Antiquité aux Lumières

Avant que les premiers voyageurs n’aient réellement fait le déplacement, l’île a été rêvée, fantasmée. En effet avant le XVIIIe siècle la Corse est terra incognita. Un ensemble de cartes de géographique aux contours des plus fantaisistes illustrent ces tâtonnements. Le premier voyageur qui se déplace en Corse est anglais. L’île est au XVIIIe siècle un modèle de démocratie pour Rousseau qui projette de s’y rendre et d’y rédiger une constitution. Boswell, fasciné par le philosophe, se veut son ambassadeur sur l’île. Il fait le déplacement pour rencontrer Pascal Paoli, général de la Nation. Avec la venue des cartographes et dessinateurs de l’équipe du Plan Terrier, la Corse, ses paysages et ses habitants sortent un peu plus de l’ombre.

Le Grand Tour

Le Grand Tour, qui a donné son nom au tourisme, est au XVIIIe siècle le voyage vers l’Italie qu’entreprennent les jeunes aristocrates, surtout britanniques, avec leur précepteur dans un but de formation culturelle et sociale. Un phénomène qui ne touche qu’indirectement la Corse qui devient en quelque sorte, à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, une alternative au voyage en Italie.

L’imaginaire romantique

La Corse c’est aussi la patrie de Colomba, l’héroïne de Mérimée. Lorsque la nouvelle paraît en 1840, elle connaît un succès retentissant. Le personnage principal, proche des héroïnes italiennes de Stendhal, devient la figure emblématique de la vendetta. À la même époque, le bandit corse prend sa place dans l’imaginaire européen. La Corse devient alors une destination pittoresque, délicieusement risquée pour qui est en mal d’aventures! Sous le Second Empire, le culte de Napoléon Bonaparte s’amplifie. Aller visiter la maison natale du héros romantique devient une des motivations au voyage.

Les séjours d’hiver et le thermalisme

Si la première motivation au voyage était politique, les suivantes seront plus climatiques et hygiéniques. Le XIXe est le siècle où se développent les stations d’hiver, les séjours thérapeutiques dans le midi. Ce phénomène qui veut que les Anglais passent « l’hiver dans le midi » à la recherche de climats plus tempérés, naît dans le dernier tiers du XVIIIe à Nice et Hyères avant de s’accroître fortement au XIXe siècle.

La villégiature

Ajaccio, à l’instar de la Côte d’Azur, accueille des hivernants anglais et allemands et voit se développer tout un quartier dédié à la villégiature avec des cottages, un grand hôtel, une église anglicane et toute une architecture balnéaire et éclectique. Les fondateurs en sont principalement le Comte Baciocchi, grand chambellan et surintendant général des théâtres impériaux de Napoléon III, et une ressortissante écossaise, Thomasina Campbell. Plusieurs artistes étrangers en admiration devant les différents visages de la Corse immortalisent les sites majeurs : les forêts de Bavella et de Valdoniello inspirent Edward Lear, Ajaccio et ses alentours sont croqués par William Cowen, les ruines d’Aleria par Antoine Melling, la citadelle de Corte par Theodore Compton.

Du tourisme balnéaire au tourisme de masse

À partir de 1925, le tourisme balnéaire prédomine puis se démocratise en 1936 avec les premiers congés payés. L’exposition s’achève par l’évocation des années 50-60 où l’on assiste à l’avènement du tourisme de masse.

Commissaire de l’exposition:

Valérie Marchi, historienne de l’art et critique d’art.

Conseiller scientifique:

Marc Boyer, historien spécialisé en tourisme.

« Tourisme, touristes, regards croisés » : oeuvres de Marcel Dinahet et Agnès Accorsi en partenariat avec le Lazaret et le groupe Ollandini.

En complément de l’exposition le musée de la Corse a sollicité l’artiste-vidéastre Marcel Dinahet afin de réaliser une oeuvre autour du tourisme en Corse. En partenariat avec l’entreprise Ollandini, il s’est immiscé au sein de différents groupes de touristes visitant la Corse en car ou en bateau. Il filme les gens qui regardent la mer et s’interroge sur la façon qu’ont les touristes d’aborder le paysage. Ce qui l’intéresse dans ce travail, c’est la lecture du paysage actuel à travers les différents moyens de locomotion. Comment on arrive sur les sites majeurs et combien le commentaire du guide conditionne le regard. Il propose un ensemble de six vidéos présentant différents regards croisés en simultané.

Commissaire de l’exposition : Valérie Marchi pour le musée de la Corse.

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