Conférence et débat littéraires avec Sophie Chauveau
Sabbatu u 9 di nuvembre à 4 ore di sera
Ciculu literariu « u tempu è u raportu cù u tempu »
In cullaburazione cun l’associu Musanostra
ENTRATA LIBERA
Samedi 9 novembre 2019 à 16h00
Cycle littéraire « Le temps et le rapport au temps »
En partenariat avec Musanostra
ENTRÉE LIBRE
Passionnée depuis sa jeunesse par les arts, notamment dramatiques, Sophie Chauveau intègre le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris et y étudie le théâtre. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages de genres différents, elle met en scène également des pièces de théâtre. Invitée par le musée de la Corse et l’association Musanostra, Sophie Chauveau vient donner une conférence intitulée « Temps de création / création du temps (Regarder la réalité en farce…En tous cas, pas en face) » dans laquelle elle explorera la notion de temps dans la création artistique. Rendez-vous samedi 9 novembre avec Sophie Chauveau pour voyager dans le temps aux côtés des plus grands créateurs….
Temps de création / création du temps (Regarder la réalité en farce…En tous cas, pas en face)
Le temps de la création, le temps des créateurs, le temps de l’écriture, le temps de la peinture… tous ces temps qui diffèrent selon leur support et les projections de chaque artiste ont pourtant tous une caractéristique commune : ils se situent toujours hors du temps usuel. Ce sont des temps dont la solitude est le support, la base et le tremplin. Sans la garantie de quelques heures de solitude devant soi, on ne peut pas y entrer.
Ensuite, une fois dedans, on ne le sait pas, sauf quand comme moi en ce moment, on l’observe, on le questionne. Une chose est sûre: on n’est plus dans la réalité du temps normal, habituel, celui qu’on traverse tous à longueur de vie courante comme on dit. Le temps de la création invente un temps où l’on n’habite plus la vie courante.
Maïakoski peu avant son suicide écrivit : « la barque de l’amour s’est brisée contre la vie courante« . C’est bien de la même que je parle ici. Celle qu’on traverse sans la voir, sans même la savoir, celle qui nous fait lever matin plein d’ardeur, de projet ou -plus difficilement- hanté de mélancolie, celle qui nous voit aller et venir, travail, amis, familles, loisirs… celle où l’on court dans le sens de la vie commune, celle où l’on ne réfléchit pas à l’œuvre en cours…
Sans doute, et comme chez tout un chacun, le temps d’apprendre à vivre est d’abord venu s’ajouter à celui de créer, d’apprivoiser, de maîtriser, de dominer son art …
Apprendre à juguler la peur. Peur de la solitude mais aussi de l’immense liberté qu’ouvre la création. Ceci plutôt que cela? Qui décide, qui tranche? Comment s’en arrange-t-on? Comment sait-on qu’on va dans la bonne direction puisqu’à chaque coup de pinceau, ligne tracée, il faut inventer. Qu’on tâtonne dans l’inconnu…
Le temps de créer qui est certes parallèle au temps de vivre est cependant un temps hors du temps. Pour nous artistes, il constitue pourtant l’essentiel des journées, et même de nos vies. Nos amoureux, amantes, conjoints nous le reprochent assez.
Je parle de peinture et d’écriture car même si ça n’est pas toujours similaire, il y a une proximité dans l’état du cerveau quand au matin se referme la porte du bureau ou de l’atelier où chacun d’eux, peintre, écrivain, poète… se rend. On s’y transforme, on se coupe malgré soi du reste de notre vie. Car la concentration qui nous saisit aussitôt qu’on s’y attelle nous fait oublier qu’on s’est disputé au réveil avec nos enfants, nos compagnes ou compagnons, qu’on n’a pas de quoi payer les impôts, ou d’autres choses de la vraie vie, par exemple que nos parents se meurent loin de nous…
On est au dedans d’autre chose où plus rien de la vie réelle ne s’inscrit. Sauf dans les pauses, d’où ces pesantes journées de forçats uniquement pour éviter les pauses, éviter d’être rattrapé par le réel. Distraits, tirés hors de la création…
Se méfier des micro-temps à l’intérieur du temps de travail, temps de séchage pour la peinture, de corrections pour l’auteur…
Je tenterai d’entrer dans l’alchimie de ces heures où l’on touille le chaudron pour en sortir, eh bien justement, bonne sait jamais quoi d’avance…
Sophie Chauveau
Contact / Informations :
Secteur médiation culturelle du musée de la Corse
Tel. : 04 95 45 26 01 / nathalie.ferrari@isula.corsica
Tel.: 04 95 45 26 04 / damien.delgrossi@isula.corsica
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