L’impressionnant rapace a été exposé en 2016 dans l’exposition temporaire du musée de la Corse intitulée « Île(s) ».
Dimensions: 209 x 157 x 112 cm
L’aigle Pygargue est l’un des plus grands rapaces européens et a disparu de la plupart des régions méridionales d’Europe, en particulier de Corse et de Sardaigne. Les spécimens naturalisés originaires de l’île sont absents des grandes collections d’histoire naturelle (Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, Natural History Museum au Royaume-Uni, et American Museum of Natural History de New York). Le Musée de la Corse à Corti possède un des rares spécimens dans ses collections.
Mais comment conserver un tel objet ? Ce spécimen naturalisé constitué en grande partie de matière organique naturelle est en effet particulièrement vulnérable. Ces ennemis principaux sont les variations climatiques, les attaques biologiques, la lumière mais aussi les mauvaises manipulations. En effet, après toutes ces années, l’aigle était très encrassé et comportait des déchirures au niveau des pattes et des ailes, un œil disloqué ainsi que de nombreuses pertes de matières dues à des attaques d’insectes kératophages, appréciant les protéines. Ces altérations et son état sanitaire fragilisaient sa structure et empêchaient toute manipulation ou même une exposition du spécimen.
La présentation et la conservation de ce spécimen étant importantes pour l’étude, la connaissance et la conservation du patrimoine insulaire, le Musée de la Corse a fait appel à une restauratrice spécialisée pour son traitement.
Camille Alembik, diplômée d’un Master de conservation restauration de l’Ecole Supérieure d’Art d’Avignon et du Master de Conservation préventive de Paris la Sorbonne. Elle est spécialisée dans les matériaux organiques naturels et les naturalia. Elle travaille en outre régulièrement pour le Musée du Quai Branly et pour des collections d’histoire naturelle telles que le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, le Musée Crozatier du Puy en Velay ou encore le Musée Zabana d’Oran en Algérie.
Elle a donc entrepris le nettoyage et la consolidation du spécimen et de son socle. Après un décrassage et le réagencement des plumes, les perforations et les déchirures ont été consolidées à l’aide de pièces de papier japonais encollées. Ces interventions sont invisibles et tous les matériaux utilisés sont neutres, stables, souples, ne créant ainsi aucune interaction ni tension au sein des matériaux constitutifs.