Cartes et plans
Corpus exceptionnel, le fonds cartographique ancien détenu par le musée atteint à ce jour environ 500 documents : cartes manuscrites et imprimées, cartes de l’île seule ou associée aux îles circonvoisines ou aux terres continentales; la collection rassemble différents genres : cartes terrestres, militaires, nautiques, plans de villes et de ports et elle couvre une longue chronologie.
La première carte imprimée de la Corse est celle de Benedetto Bordone, publiée en 1528 à Venise, dans un Isolario, c’est aussi la plus ancienne de notre collection ; parmi les pièces rares du XVIe siècle Corsica de Matthias Quad en 1596 dans laquelle apparaît pour la première le blason à tête de maure. Dans le corpus du XVIIe siècle, Corsica Insula de Johannes Blaeu en 1662 est certainement une des cartes les plus connues du public car elle associe au blason de la Corse, une allégorie « la guerrière » sans doute inspirée de la fresque vaticane mais aussi de l’Iconologia de Cesare Ripa. Les cartes du XVIIIe reflètent les évènements de ce siècle, depuis les guerres de Corse dès 1730 qui conduisent au Généralat de Pascal Paoli et à l’indépendance de la Corse jusqu’à la défaite de Ponte Nuovu et l’annexion de l’île par la France. Le fleuron de cette période est bien sûr la carte anonyme choisie par Pascal Paoli pour accompagner l’édition de 1764 de la Giustificazione della revoluzione di Corsica.
La cartographie du XIXe siècle reflète les avancées scientifiques du siècle des Lumières notamment les recherches mises en œuvre pour la réalisation du Plan Terrier (1770-1790). La pièce majeure de cette période est La Carte topographique de l’Île de Corse de Pierre Jacotin de 1840 : composée de 40 feuillets entoilés, elle a été conçu d’après les travaux de Dominique Testevuide un des ingénieurs du Plan Terrier de la Corse.
La politique d’enrichissement des cartes de la Corse se poursuit aujourd’hui par une réflexion sur la représentation du territoire liée aux nouvelles technologies.
Photographies
Le corpus des photographies du musée couvre une large période depuis le daguerréotype d’un notable cortenais intitulé « Portrait d’homme post-mortem » en 1855 jusqu’aux reportages commandés ou achetés à des photographes contemporains.
Le XIXe siècle est bien représenté, tout d’abord avec des plaques au collodion du peintre photographe Forcius-Joseph Marchesi originaire de Belgodère puis par les photos carte-de visite de G.F. Folchi, premier photographe itinérant originaire d’Italie, puis par celles de Louis Viallet et Barthelemy Graziani installés à Aiacciu et Bastia vers 1862.
Dès 1870, Barthélemy Graziani et Laurent Cardinali commencent à faire des vues en extérieur dont les tirages sont ensuite rassemblés et vendus dans des albums. Lorsque le Prince Roland Bonaparte, membre de la Société de Géographie vient en Corse en 1887, il veut dit-il : « ..fixer une physionomie exacte et complète de la Corse actuelle.. ». Le photographe Gustave Philippon qui l’accompagne réalisera 229 photographies de sites, monuments et villages mais aussi pour la première fois de scènes animées et de portraits en extérieur. Ce reportage annonce le XXe siècle et préfigure l’avènement de la photographie ethnographique.
Après avoir fait en 2000 une exposition et un catalogue sur le voyage du Prince, le musée a pu acquérir 49 tirages sur papier albuminé (d’après des négatifs au gélatino-bromure d’argent) de Philippon. Ce nouveau procédé né en 1880, va libérer la photographie des obstacles chimiques qui entravaient sa pratique et limitaient son usage aux spécialistes.
Pour la première moitié du XXe siècle le musée conserve des collections de photographes amateurs comme un lot de plaques de verre et de tirages réalisés vers 1902 par le Chanoine Ricci, professeur au Petit Séminaire et photographe amateur à qui l’on doit un bel ensemble sur les édifices publics et les fêtes religieuses. Une chronique de la vie quotidienne insulaire nous est donnée par Joseph Lucarelli, un photographe niçois venu faire un reportage en Corse en 1930. Enfin dans les années 1935 et 1939 un photographe hongrois Emeric Feher installé à Paris vient découvrir la Corse avec sa famille, sa rencontre avec le monde pastoral et sa découverte du littoral, préfigurent les grands bouleversements que connaîtra la société corse après la seconde guerre mondiale et annoncent l’ère du tourisme. Les reportages photographiques commandés par le musée depuis son ouverture sont des démarches d’auteurs dont les réflexions sur des sujets historiques, sociétaux ou d’actualité viennent nourrir les différentes expositions temporaires.
Cartes postales
Le corpus des cartes postales du musée acquis auprès de grands collectionneurs corses est composé de cartes postales anciennes (CPA avant 1920), de cartes semi-modernes (CPSM entre 1920 et 1975) et de cartes modernes (CPM après 1975) et s’élève à près de 6000 pièces.
Il est difficile de connaître avec exactitude l’auteur et la date de la première carte produite en Corse. Dominique Tiberi auteur d’une thèse de doctorat (« La photographie et l’image de la Corse 1839-1962 ») nous dit que les premières cartes postales auraient été faites par un autrichien originaire d’Innsbruck qui les expédiait à Antoine Guittard à Ajaccio qui deviendra lui-même photographe et éditeur de cartes postales.
Dès 1890 les grands noms de la photographie comme Laurent Cardinali, Joseph Moretti, Jean-Victor Porro sont aussi des grands producteurs de cartes postales et pour la première moitié du XXe siècle ce sont François-Jean Limongi, José-René Filippi et Ange Tomasi qui sera lui son propre éditeur.
Le musée de la Corse conserve aussi des cartes postales modernes qui témoignent de l’évolution et de l’essor du tourisme insulaire et sont plus généralement un marqueur de l’image de l’île dans ce qu’elle est et ce qu’elle donne à voir d’elle même.
Estampes
La collection d’estampes du musée de la Corse couvre une période allant du XVIe au XXe siècle ; elle recoupe des genres variés comme des représentations géographiques de l’île, des vues de villes et de villages, des paysages, des portraits, des costumes des habitants et des scènes de genre.
Parmi les plus anciennes, l’allégorie de la Corse « Corsica » dans l’Iconologia de Cesare Ripa et « Corse » un habitant de l’île de Corse dans la Description de l’Univers d’Allain Manesson Mallet en 1683. Nous devons à J. Daubigny dessinateur et graveur venu en Corse au moment de la réalisation du Plan Terrier un ensemble de paysages du nord de l’île publiés en 1786 dans le Voyage pittoresque de la France avec la description de toutes les provinces.
Le musée conserve un ensemble de portraits de Pascal Paoli, gravés entre 1768 et 1770 en Angleterre, en Hollande, en Autriche, en Italie et en France ainsi que de nombreuses lithographies réalisées après la mort du général. Pour le premier tiers du XIXe il faut citer le premier ouvrage iconographique de grande ampleur consacré à la Corse : il s’agit des 48 paysages lithographiés du Voyage pittoresque en Corse d’Engelmann édité par Joly Delavaubignon en 1821/1822.
A partir de 1850 c’est dans les nombreux récits illustrés de voyageurs venus de France continentale ou de l’étranger comme Thomas Forester, Edward Lear, Gaston Vuillier etc.. que l’on découvre les plus riches descriptions de la Corse qui souvent débrochées, ont pu circuler jusqu’à aujourd’hui. L’abbé Ange Galletti tient une place particulière avec l’Histoire illustrée de la Corse publiée en 1863 comportant près de 300 lithographies.
Pour le XXe siècle le musée conserve des estampes de Jean Chieze, un des grands noms de la xylographie au XXe siècle avec le maître Albert Decaris et venu en Corse pour y enseigner le dessin ; nous conservons aussi de lui le Colomba publié en 1985 après sa mort et illustré de 44 gravures sur bois.
Dessins
La collection de dessins du musée de la Corse couvre une période allant du XVIIIe au XXe siècle et elle est riche tant par la diversité des thèmes abordés (paysages, scènes de combats maritimes, plans, costumes des habitants de l’île, portraits) que par les techniques utilisées (mine de plomb, fusain, sanguine, aquarelle, gouache, plume et encres).
Ainsi un dessin rare comme Le combat de Bastia, réalisé en 1794 par le capitaine du Génie Jacques Mellini, qui met en scène le siège de Bastia en avril-mai 1794 par les bâtiments de la Royal Navy : à l’issue de 40 jours et 40 nuits de bombardements, les troupes anglaises soutenues par les nationaux corses prennent la ville qui deviendra le siège du Gouvernement anglo-corse.
Au début du XIXe siècle, Joly Delavaubignon publie en 1821/1822 le Voyage pittoresque en Corse lithographié par Godefroy Engelmann un des initiateurs de cette nouvelle technique d’impression ; le musée conserve 17 dessins préparatoires à la mine de plomb et datés de 1819 qui constituent avec les lithographies conservées dans le fonds d’estampes un ensemble exceptionnel sur la Corse au début du XIXe siècle.
Le peintre paysagiste Lucien Peri né à Ajaccio en 1880 est bien représenté dans les collections du musée ; outre des huiles sur toile, le musée a acquis une série d’aquarelles et de gouaches exécutées par l’artiste dans les années 1920/1930, nous y découvrons des sites du littoral insulaire vierges encore de toute occupation humaine. Le musée conserve aussi des dessins de portraits et de scènes animées de l’artiste ajaccien Emile Brod réalisés dans le premier tiers du XXe siècle.
En raison de leur fragilité les dessins ne peuvent pas être exposés plus de trois mois, aussi ils ne sont présentés aux visiteurs que lors des expositions temporaires.
Affiches
Le corpus d’affiches du musée de la Corse couvre des domaines variés : le tourisme, l’économie, les évènements culturels et politiques.
Le corpus d’affiches touristiques sur la Corse illustre sur plus d’un siècle l’histoire de la publicité graphique en Corse. Le fonds initial du musée constitué par les acquisitions de la collection Oberti et Taccola va être enrichi par la donation de François Ollandini en 1997. La plus ancienne des affiches du musée « Excursions en Corse » date de 1891, elle a été réalisée par Louis de Melles pour la Cie de Chemins de Fer Départementaux ; sa composition faite de paysages en mosaïques est une invitation au voyage qui annonce les affiches de la Belle Epoque commandées aux peintres David Dellepiane, Abel Brun, Rogers Broders, Adolphe Cossard ou André Strauss par les autocars PLM et la Cie Fraissinet.
A partir des années 1950, le corpus retrace l’évolution du tourisme avec les affiches créées pour les clubs de vacances et les organisateurs de voyage, les compagnies de transport maritimes et aériens, les sociétés d’autocars et toutes les institutions vouées à la promotion du tourisme.
Parallèlement au domaine du tourisme, le musée a une collection graphique qui retrace l’activité des premiers liquoristes de Corse (Mattei, Damiani, Casanis…) depuis la fin du XIXe jusqu’à nos jours.
En 2017 la Brasserie Pietra, premier créateur d’une bière corse, fait don au musée d’un exemplaire de tous ses documents graphiques et publicitaires ainsi que des objets de toute sa production depuis la création de l’entreprise en 1996.
Depuis peu le musée constitue un fonds d’affiches retraçant les évènements politiques et culturels des cinquante dernières années, grâce à des acquisitions et la récente donation de François Ollandini.
Acquisitions
L’enrichissement des collections est une des missions d’un musée. Les nouvelles acquisitions qu’elles soient à titre gracieux ou onéreux sont avant tout liées au programme scientifique et culturel de l’établissement. Elles permettent d’enrichir les fonds existants et d’ouvrir de nouvelles perspectives grâce aux expositions temporaires.
Conservation-Restauration
La conservation vise par un ensemble de mesures à préserver les œuvres de toute dégradation afin de les transmettre aux générations futures. Un musée peut être conduit à faire restaurer des pièces de sa collection ou des œuvres prêtées pour des expositions temporaires.